Mon histoire avec le maternage proximal

Mon histoire avec le maternage proximal

Entretien donné en 2017 à 5 étudiants de première année à l’Ecole des Mines de Paris, dans le cadre du cours de Description de Controverses organisé par le CSI (Centre de Sociologie de l’Innovation).

 

Pouvez-vous nous présenter un peu votre parcours professionnel ?

Alors, ça dépend de ce qu’on entend par professionnel. J’ai toute une activité autour de l’allaitement, etc., qui n’est pas professionnelle. C’est-à-dire que je suis animatrice de La Leche League depuis maintenant plus de 30 ans, mais c’est bénévole. Mon parcours professionnel en tant que salarié payé n’a rien à voir avec ça. Aujourd’hui, je suis à la retraite, mais j’étais bibliothécaire dans une bibliothèque juste à côté d’ici.

Donc il y a vraiment un gap entre votre parcours professionnel et…

Tout à fait, ça n’a rien à voir l’un avec l’autre.

Toutes les activités que vous avez réalisées par rapport à l’allaitement…

C’est tout bénévole

Vous avez écrit beaucoup de livres.

Oui, j’ai écrit pas mal de livres. Je suis aussi l’éditrice de la revue Allaiter aujourd’hui. Si vous voulez mon CV, vous allez sur mon site, il y a un onglet qui s’appelle Me connaître, vous avez tout là dessus.

J’ai un peu regardé, vous êtes tombée dedans au moment où vous avez eu des enfants, n’est-ce pas ?

Oui, c’est ça. J’ai eu mon premier enfant en 1976 ; à cette époque, j’étais déjà sensibilisée à tout ce qui était écologie, nourriture bio, etc. Parce que oui, ça existait déjà à cette époque (rires). Pour la naissance, j’aurais voulu accoucher à la maison. Mais je n’ai trouvé personne, je ne connaissais pas de réseaux… et je suis tombée sur un article à propos de la maternité des Lilas dans le magazine Parents qui m’a donné envie d’aller là. Donc j’ai accouché de mon premier enfant aux Lilas. Par contre, le deuxième et le troisième sont nés à la maison.

Donc vous avez trouvé le moyen de….

Oui, et j’ai accouché trois fois avec la même sage-femme. La première fois, c’était par hasard, parce que c’est elle qui était de garde quand j’ai accouché. Et par la suite, j’ai appris qu’elle faisait, en plus de son travail aux Lilas, quelques accouchements à domicile. Elle n’en faisait pas beaucoup, mais enfin elle en faisait quelques-uns. Comme on se connaissait déjà du premier accouchement, alors voilà.
Pour moi, c’était clair que j’allais allaiter. Plus pour des questions nutritionnelles au départ. Je n’avais pas de durée d’allaitement particulière en tête. Je ne me souviens pas que je me sois dit « je vais allaiter tant de temps ». En fait, parmi tous les médecins que j’ai vus pour le suivi de mon bébé (j’en ai changé plusieurs fois, ce n’est pas évident d’en trouver un qui convienne sur tous les plans : sur le plan diagnostic, sur le plan traitement, sur le plan relationnel), il y en a une qui avait dit que, de toute façon, il fallait que l’enfant soit sevré au moment de l’apparition des premières dents. C’est un truc qu’on entend encore des fois. Et donc, vers 3 mois, mon bébé à commencé…

À avoir des dents ?

Non, pas encore de dents (il a eu sa première à 6 mois), mais il salivait, il avait des signes précurseurs. Je me suis dit « Il faut que je commence à le sevrer là ? », et ça ne m’a pas semblé correct, vraiment. Donc je me suis dit « Bon, bah, on continue et on verra ». Il a commencé à manger autre chose vers 5 mois, et vers 6 mois, je lui donnais quelque chose à la cuillère et j’ai entendu « gling » : c’était le bruit de la cuillère sur la dent. Je n’avais pas vu qu’il avait une dent, mais il en avait une, elle était sortie. « Mince, il n’est pas sevré pour sa première dent ! Bon, tant pis, on va continuer comme ça ». Et en fait, il a continué à téter jusque vers 17-18 mois.
À ce moment-là, je ne connaissais absolument personne autour de moi qui faisait ça. Je connaissais l’existence de La Leche League (qui était vraiment embryonnaire en France à l’époque) parce que j’avais trouvé un flyer sur un stand qui vendait des porte-bébés au premier salon Marjolaine, en 1976, à l’ancienne gare de la Bastille. Donc je connaissais l’existence de LLL, mais je n’ai pas senti le besoin de la contacter. Je n’ai eu aucun problème d’allaitement, ce qui est une chance parce que, rétrospectivement, je me dis que j’aurais pu en avoir. Et en fait, je ne sais pas pourquoi, alors que mon enfant était sevré, que je n’étais pas enceinte du deuxième, je suis allée à une réunion de La Leche League. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais plus pourquoi. Longtemps, j’ai cru que que j’y étais allée alors que j’étais enceinte du deuxième, mais récemment j’ai retrouvé une lettre avec le tampon de la poste qui parlait du fait que j’étais allée la veille à une réunion de La Leche League et je n’étais pas enceinte. Donc je ne sais plus (rires). Je suis allée à cette première réunion, et ça m’a assez intéressée pour avoir envie d’y retourner. D’autant que je me suis rendu compte que si moi, je n’avais pas eu de problèmes, il y avait quand même beaucoup de femmes qui en avaient. Elles venaient à ces réunions pour en parler. Et au bout d’un certain temps, j’ai eu envie de devenir animatrice. Ça ne s’est pas fait tout de suite puisque ma première réunion, c’était en 1979, et je suis devenue animatrice en 1986. Mais entre-temps, j’ai fréquenté les réunions assidûment. Donc ça, c’est pour l’allaitement.
Pour le cododo, en fait mon premier enfant n’a pas du tout été cododoté. Son père et moi, on était très imprégnés de la doxa psychanalytique, la scène primitive et tout et tout, il ne faut surtout pas que l’enfant puisse assister par inadvertance à un rapport sexuel entre le père et la mère, parce que ça va le traumatiser à mort, ou à vie, enfin bon. Donc dès qu’on est rentrés de la maternité, il a été dans sa chambre. Il s’est réveillé bien sûr pas mal de temps la nuit. Donc je me levais, je lui donnais la tétée, je le recouchais, je le berçais… Et ce qui est très marrant, c’est que pendant des mois, j’ai rêvé pratiquement toutes les nuits qu’il était dans notre lit et qu’on était en train de l’étouffer. Alors qu’il n’a jamais été dans notre lit. Le deuxième et le troisième sont nés à la maison, comme je le disais tout à l’heure, dans notre lit. Et ils y sont restés au moins un certain temps. Entre-temps, j’avais aussi commencé à fréquenter les réunions de La Leche League où c’est quelque chose qui revient assez régulièrement, le fait d’avoir le bébé avec soi la nuit.

Déjà à l’époque…

Oh, oui

Parce qu’on trouve assez peu de documents anciens sur le sujet. On a l’impression qu’en France, c’est un sujet qui est apparu autour des années 2005/2010, et on ne trouve pas grand chose avant. 

La Leche League, c’est une petite sous-culture, mais elle existait déjà à ce moment-là.

D’accord.

Mais c’est vrai, comme je m’occupe aussi des relations avec la presse pour l’association, je vois bien l’évolution dans les médias. Mais je verrais plutôt la bascule pour toutes les pratiques de maternage proximal, que ce soit l’allaitement long, le cododo, le portage…, au début des années 2000. Jusque-là, on n’en parlait pas. Après, on a commencé à en parler, éventuellement pour le critiquer, mais au moins on en parle, c’est quelque chose qui existe manifestement puisqu’on en parle. Avant, dans les années 1990, on pouvait trouver épisodiquement un article sur des porte-bébés, mais  c’est vraiment autour de l’an 2000 que ça a commencé vraiment à se répandre.

Est-ce qu’il y a eu un événement, quelque chose ? Un groupe qui…

Un événement, non. Mais je relie ça à plusieurs choses. Il y a le développement d’internet. Ça s’est énormément développé à ce moment-là. Il y a eu une explosion de sites, de blogs… Ce qui fait qu’il y a eu un accès à l’information beaucoup plus facile. Même si, bien sûr, on peut trouver plein de bêtises sur internet, on peut aussi trouver plein d’informations. Et donc c’est devenu beaucoup plus facile à la fois d’avoir l’information, et aussi de trouver des communautés. Des communautés virtuelles : des forums, des listes de discussions et tout, pour justement échanger sur ces sujets, ne plus se sentir complètement seule à faire un truc un peu bizarre qui est vu de façon un peu bizarre par le reste de la société, comme moi j’avais pu me sentir. Bon, ça ne m’avait pas atteinte, mais je pense que ça peut atteindre de se sentir vraiment seule à faire un truc. Et c’est aussi ça que m’a apporté les réunions LLL, le fait de rencontrer d’autres personnes qui faisaient la même chose, de pouvoir échanger avec elles. Mais avec internet, cette possibilité d’échanges s’est démultipliée parce qu’il y a eu cette possibilité virtuelle. Même si ce n’est pas exactement la même chose que les rencontres en chair et en os, mais quand même.
Pour ce qui est de l’allaitement, jusqu’à la fin du siècle dernier, si on s’adressait à des autorités sanitaires, que ce soit au niveau du ministère, de la CAF, de la CPAM…, et qu’on parlait allaitement, la réponse standard qu’on recevait c’était « De toute façon, en France, l’allaitement n’est pas un sujet de santé publique, c’est uniquement affaire de choix individuel, et on n’a pas à dire quoi que ce soit dessus ». Et je pense que ça a changé également vers cette époque, avec le premier Plan national nutrition santé. Je ne sais pas si vous voyez ce que c’est ? Donc le premier PNNS est sorti en 2001, et pour la première fois, il y avait les mots « promotion de l’allaitement maternel » dedans, qui jusque-là étaient des « gros mots ». Parler de l’allaitement maternel ? Non, non, c’était impossible. Le PNNS était fait pour recommander de bonnes pratiques nutritionnelles et éviter une épidémie d’obésité, notamment d’obésité infantile, qu’on observait aux USA, et on avait l’impression que ça allait arriver aussi en France. Et comme il y avait quand même, déjà à ce moment-là, un assez grand nombre d’études montrant que le fait d’avoir été allaité pouvait diminuer le risque d’obésité, ils ont mis l’allaitement dans leur plan. Comme je dis souvent « L’allaitement est rentré dans la santé publique en France par la petite porte de l’obésité infantile ». À partir de là, dans tous les autres PNNS qui ont suivi, il y a eu des choses sur l’allaitement, sur les mesures qui pourraient être prises pour faciliter soit le démarrage soit la poursuite de l’allaitement, avec parfois des objectifs chiffrés sur des taux d’allaitement (qui n’ont pas vraiment été atteints…). Encore dans celui qui va sortir, il y a toute une série de mesures préconisées pour faciliter l’allaitement en public, l’allaitement après la reprise du travail, des choses comme ça.

Mais pourquoi, malgré toutes ces recommandations de l’État, du ministère de la Santé, on a un taux d’allaitement aussi bas en France par rapport à d’autres pays ? Vous avez une explication ?

Alors, il faut quand même savoir qu’on revient de loin, de bien plus bas. En 1995, on était autour de 45 % d’allaitement à la naissance. En 2010, on était à 69 %, presque 70 %. C’est vrai que depuis 2010, ça stagne. Et que si on compare avec les pays scandinaves… Je n’ai pas vraiment d’explication. Des fois, je me dis qu’il y a peut-être un plafond qu’on ne dépassera pas en France, qu’on ne dépassera jamais les 70 %… Sur le taux bas d’allaitement, j’ai un certain nombre d’idées, mais qui peuvent valoir, enfin pour certaines, pour d’autres pays où les taux sont plus élevés. Pour les choses qui sont spécifiques à la France, il y a peut-être l’extension du phénomène de mise en nourrice, qui a été beaucoup plus important en France que dans les pays voisins. Alors bien sûr, ça ne concernait pas la grosse majorité de la population qui vivait à la campagne, c’était un phénomène urbain. Mais quand même, il y a eu cette idée qu’on pouvait effectivement se débarrasser de l’allaitement et plus généralement des soins à l’enfant sur une autre personne, et après, quand les biberons ont commencé à être un peu plus sûrs… Sans compter que cette mise en nourrice s’accompagnait d’une mortalité infantile absolument dingue. Parce qu’il y avait deux sortes de nourrices : les nourrices « sur lieu », qu’on faisait venir dans la famille, ça concernait les nobles, les riches, les bourgeois ; pour les plus pauvres, on envoyait l’enfant à la campagne, chez des nourrices « au loin », et ces enfants envoyés en nourrice au loin mouraient comme des mouches. Déjà, il y avait le choc de la séparation, et jusqu’à une date assez avancée, il n’y avait aucun contrôle sur ce que faisait la nourrice avec l’enfant. Si ça se trouve, elle le nourrissait d’eau allongée avec un peu de lait, n’importe quoi. Il n’y avait aucun contrôle pour savoir si elle l’allaitait, si elle en prenait bien soin, et tout. Et je pense que du coup, il y a eu dans l’inconscient collectif français le fait que l’allaitement, un allaitement mercenaire par les nourrices, était associé à la mort de l’enfant. Et quand la mise en nourrice a commencé à décroître, au début du XXème siècle, où ça a été remplacé par des crèches, où l’enfant n’était pas éloigné de sa famille, ça s’est conclu par un rapprochement mère-enfant, enfin parents-enfant, et dans le même temps on a vu une baisse de la mortalité infantile, pour plein de raisons. On a compris le rôle des microbes, le lait qu’on donnait au biberon était mieux contrôlé… Bon c’est une des raisons.
Après, on observe qu’en Europe, peut-être même dans le monde, les deux pays où le taux d’allaitement est le plus bas, la France et l’Irlande, sont des pays où l’industrie agroalimentaire et notamment les fabricants de lait infantile sont très très importants. Dans les pays scandinaves, vous n’avez pas de fabricants de lait infantile, alors qu’en France vous avez Danone, vous avez Lactalis, bien connus partout dans le monde. Donc c’est peut-être aussi une explication.
La troisième explication que je vois, c’est la prégnance de la psychanalyse sur tout le secteur de la petite enfance, que ce soit les professionnels de santé ou les travailleurs sociaux. Cette psychanalyse insiste énormément sur le risque de fusion, le fait qu’il faut introduire le tiers séparateur, couper le cordon ombilical, etc. Donc pour ce qui est de continuer l’allaitement au-delà des premiers mois, c’est très très mal vu par tout ce qui est psy. Et le cododo, n’en parlons pas…

Il se trouve que l’Irlande et la France sont les pays européens où l’on fait le plus d’enfants en Europe. Est-ce que vous pensez qu’il y a un lien ou pas ? Est-ce que vous pensez que le fait d’avoir un seul enfant, c’est plus facile pour pouvoir allaiter longtemps ?

Je ne sais pas. Ce sont aussi des pays catholiques. Cela dit, si vous allez en Espagne ou en Italie, c’est très catholique aussi, et ils ont un taux de natalité très inférieur. Donc c’est difficile à dire, je pense qu’il y a plusieurs choses qui se combinent. Et même en France, d’un point de vue sociologique, il y a des différences entres les régions. Pour ce qui est du taux d’allaitement, on allaite plus à l’Est et au Sud qu’à l’Ouest et au Nord.

Il y a aussi une grande différence sur les âges des mères.

Ah, je ne savais pas.

Le taux d’allaitement est plus important chez les femmes de plus de trente ans. Chez les femmes de moins de vingt ans, il est à moins de 20 %.

Ah oui, je croyais que vous vouliez dire qu’il y avait une différence entre les régions sur l’âge au premier enfant. Oui, bien sûr, c’est clair. C’est vrai dans tous les pays industrialisés : l’allaitement est plus pratiqué dans les CSP+ (catégories socio-professionnelles favorisées), les femmes éduquées, et pas les toutes jeunes. Bon, je pense que c’est aussi une question d’accès à l’information qui est plus facile pour ces catégories de population.

Par rapport au cododo, on a trouvé pas mal d’articles qui disait que ce serait dangereux pour le nourrisson. Vous pensez quoi de ces critiques ?

Le cododo, ça recouvre plusieurs choses. Ce n’est pas forcément avoir l’enfant dans le lit des parents. L’enfant dans la chambre ou juste à côté du lit, ça fait partie du cododo aussi. Le partage de la chambre, vous ne trouverez pas de trucs disant que c’est dangereux ; au contraire, c’est conseillé, justement dans le nouveau carnet de santé qui vient de sortir, on en parle par rapport au risque de mort subite. Si l’on parle maintenant du partage du lit, en fait, il y a un certain nombre de conditions à respecter, c’est-à-dire qu’il ne faut pas cododoter si on est fumeur (si on fume, même le partage de la chambre est déconseillé), si on a bu, si on a pris des médicaments, des somnifères, enfin tout ce qui peut abaisser son seuil d’éveil, si on est obèse. C’est déconseillé aussi de cododoter sur un sofa, sur un canapé ou sur un matelas un peu mou. Il ne faut pas qu’il y ait d’espace entre le lit et le mur où l’enfant pourrait tomber ou se coincer. Il y a un certain nombre de choses comme ça. Il y a eu effectivement des études qui montraient qu’un certain nombre de morts subites (alors mort subite, c’est un concept pas évident, maintenant on parle plutôt de mort inexpliquée, parce qu’on risque aussi de mélanger l’enfant qu’on pose dans son lit et qu’on retrouve mort et le risque d’étouffement, ce qui est différent, mais souvent c’est un peu mélangé en fait), qui montraient un certain nombre de cas d’enfants retrouvés morts dans le lit des parents. Mais la plupart du temps, on ne savait pas si les conditions dont je vous ai parlé étaient respectées ou pas. Est-ce que effectivement les parents ne fumaient pas, est-ce qu’ils n’étaient pas drogués, est-ce qu’ils n’étaient pas sous somnifères, est-ce qu’ils n’avaient pas bu, etc., etc. En fait, si on élimine tous ces facteurs de risque, il n’y a pas plus de risque à être dans le lit parental qu’ailleurs. Le problème, c’est que, comme c’est très mal vu par presque tous les professionnels, on n’en parle pas. On dit simplement « Ne mettez pas votre enfant dans votre lit », sans donner les conditions de sécurité. Or on sait très bien que les parents vont le faire, seulement ils ne vont pas le dire. Une étude avait été faite en Angleterre il y a quelques années où l’on avait demandé aux parents à quel endroit leurs enfants passaient la nuit ; ensuite on a installé une caméra infrarouge dans la chambre des parents (on avait dit aux parents avant qu’on allait faire ça, bien sûr). Quand on a analysé les vidéos, on s’est rendu compte que la moitié des enfants dont les parents avaient dit qu’ils dormaient dans leur chambre à part passaient tout ou partie de la nuit dans la chambre des parents, voire dans leur lit. J’ai trouvé cette étude fascinante, parce que ça veut dire qu’alors que les parents savaient qu’on allait voir ce qu’il se passait vraiment, ils étaient tellement conditionnés comme quoi ce n’était pas bien de faire ça, qu’ils disaient que non, ils ne le faisaient pas. Il y a une dizaine d’années, un professeur de médecine de Strasbourg avait envoyé un questionnaire à une centaine de pédiatres, en leur demandant un jour donné de demander à tous les parents qui venaient en consultation avec leur bébé ce jour-là, des bébés de moins de 6 mois, où le bébé avait dormi la nuit précédant la consultation. Et là, il est arrivé à ces chiffres : 62 % de enfants dormaient régulièrement dans la chambre de leurs parents, et 32 % plus ou moins régulièrement dans leur lit. Personnellement, je trouve ça à la limite très grave de simplement interdire le truc sans donner les conditions de sécurité. Parce qu’en fait, les parents le font ! Quand le bébé se réveille pour la deuxième ou la troisième fois, et qu’on le prend, finalement on s’endort avec lui en fait. Et on se retrouve avec le bébé dans le lit, voire dans le canapé parce qu’on s’est levé, on s’est mis sur le canapé et on s’est endormi. Voire dans un fauteuil : je connais quelqu’un qui travaillait aux urgences pédiatriques et qui régulièrement voyait des bébés arriver parce que la mère s’était levée, s’était posée sur un fauteuil pour allaiter le bébé, s’était endormie, et le bébé était tombé.

Est-ce que vous connaissez d’autres critiques, pas forcément sur le cododo, mais sur le maternage proximal, sur l’allaitement prolongé ou le portage ?

Oh oui, mais c’est beaucoup des critiques psy. On ne peut pas trouver vraiment de critiques sur l’aspect nutritionnel. Ce sont des critiques sur le fait que l’enfant ne va pas devenir autonome, le fait que la mère est esclave de l’enfant, ou bien qu’elle fait ça parce qu’elle en a besoin… Il y a un article qui est paru en 2008 dans une revue de psychanalyse qui s’appelle Le divan familial. Si vous voulez, je vous enverrai le passage, parce qu’il est symptomatique de tout ce qu’on a dans la tête d’un point de vue psy à propos de l’allaitement long. C’est hallucinant ce qu’il y a dans cet article, que la mère fait ça juste pour lutter contre la dépression, parce qu’elle a des problèmes narcissiques, parce qu’elle a un truc vampirique par rapport à l’enfant. Un film d’horreur, un film gore (voir mon article Petit florilège des critiques que s’attirent les femmes qui allaitent au long cours).

Et par rapport à l’allaitement long, vous pensez qu’il y a une limite à ne pas franchir ? On a vu pas mal de choses sur des enfants de 10 ans qui sont allaités.

C’est très très très très rare. Ça fait le buzz sur internet. La plupart des enfants que je connais qui ont été allaités longtemps arrêtaient avant 5 ans et souvent entre 3 et 4 ans.

Avec l’entrée à l’école.

Souvent, oui, et à un moment où, comment dire…, où ils peuvent être eux-mêmes conscients du regard de la société sur le truc. Avant 3 ans, je crois qu’ils ne se rendent absolument pas compte, mais après 3 ans, effectivement, s’ils sont à l’école, ils se rendent bien compte que leurs petits copains ne tètent plus. Il y en a qui se foutent du regard de la société et qui vont continuer, mais souvent, dans ce cas-là, c’est fait dans l’intimité de la famille, et en général ça s’effiloche.

Je crois que c’est sur votre site que vous parlez de la « crise Badinter ». Qu’est-ce que vous pensez en général de ce qu’elle dit à ce sujet ?

Comment dire… Déjà, la façon dont elle présente le fait d’allaiter longtemps – elle parle d’allaiter 2 ans – qui rend la femme esclave de l’enfant, on a l’impression qu’elle imagine un enfant de 2 ans téter comme un nouveau-né, avec sa mère coincée sur son canapé, scotchée sur son canapé, l’enfant au sein, et qui ne fait rien d’autre que ça. À l’époque où elle a publié le premier bouquin où elle parlait de ça, qui s’appelait Fausse route, en 2003, je l’avais contactée pour lui dire que la façon dont elle parlait de l’allaitement et de La Leche League (parce qu’elle parlait déjà de La Leche League à ce moment-là) n’était pas vraiment la façon dont je voyais les choses et que je l’invitais à venir à une réunion LLL pour qu’elle se rende compte. Elle m’avait répondu qu’elle était trop occupée. Et donc, quand elle a publié Le Conflit en 2010, où là La Leche League avait droit à 50 pages montrant tous les dégâts qu’elle avait faits un peu partout, que ce soit chez les écolos, les féministes, l’OMS, l’UNICEF, les professionnels de santé (on avait l’impression qu’on était une pieuvre qui s’infiltrait partout), je lui ai réécris en lui disant : « Voilà, je vous avais proposé de venir vous rendre compte, vous ne l’avez pas fait, c’est dommage parce que peut-être que vous n’auriez pas dit les bêtises que vous écrivez là. » Je n’ai pas dit « les bêtises », mais bon. Et comme j’avais vu qu’elle habitait pas loin de là où je travaillais, je lui ai dit : « Écoutez, si vous voulez, on pourrait se rencontrer. » Elle a dit « oui », on s’est rencontrées, on a pris un thé à la mosquée, et je me suis rendu compte de l’aplomb qu’elle pouvait avoir pour affirmer des trucs faux. J’avais vu que, dans certaines interviews à la télé ou à la radio, elle disait qu’à la maternité, les femmes qui ne voulaient pas allaiter devaient acheter le lait en poudre. Ce qui n’est pas vrai, mais elle le disait avec un tel aplomb que je pense que la plupart des gens qui ont entendu ça ont été persuadés, s’ils n’étaient pas au courant de la chose, que c’était vrai, que les pauvres femmes qui ne voulaient pas allaiter devaient en plus acheter le lait pendant leur séjour à la maternité.
Sinon, quand je l’ai rencontrée, elle m’a dit : « Mais moi, je ne suis pas du tout contre l’allaitement, mais jusqu’à un certain point ». Et pour elle, c’était l’apparition des dents. Alors je lui ai dit :
« Mais vous qui êtes historienne, vous avez déjà sûrement vu des manuels de puéricultures du XIXème, même du début XXème, où l’on parle d’allaitement au moins jusqu’à 18 mois. » Et là, elle me sort un truc, j’en suis restée bouche bée : « Ah mais oui, mais à l’époque, les premières dents apparaissaient à 18 mois. » Je lui ai dit, « écoutez, ça m’étonne vraiment », j’étais sûre que non. Il se trouve que je connaissais une anthropologue qui travaille justement sur la dentition d’enfants enterrés dans un cimetière près de Grenoble entre le XIIIème et le XVIIIème siècle, je crois. Et on peut, en analysant l’émail des dents, connaître le régime alimentaire d’un enfant et savoir notamment combien de temps il a tété. J’ai donc écrit à cette anthropologue en disant « Il y a quelqu’un qui me soutient – je n’ai pas dit qui – qu’au XIXème siècle, les premières dents apparaissaient à 18 mois, qu’est ce que vous en pensez ? » Elle m’a renvoyé toute la documentation montrant que c’était une absurdité. J’ai fait suivre ça à Élisabeth Badinter, mais je n’ai pas eu de réaction. Voilà, elle peut affirmer des trucs, son livre, je pense que vous l’avez lu…

On est en train.

Pour moi, c’est un pamphlet, ce n’est pas un livre scientifique, d’ailleurs elle ne donne aucune référence bibliographique. Et la seule chose qu’elle a comme référence, quand elle parle de La Leche League en citant « les 10 commandements de La Leche League », c’est un site américain qui n’a rien à voir avec La Leche League. Quand je le lui ai signalé, elle m’a dit : « Ah bon, je corrigerai quand ça sera réimprimé. » Je n’ai pas vérifié, mais il a dû être réimprimé, je suppose.

Et par rapport à toute son idée sur le fait que le maternage proximal et le fait qu’une mère travaille, ça ne va pas ensemble ?

Là aussi, si elle connaissait un peu les statistiques, elle verrait que, dans presque tous les pays industrialisés, les bébés encore allaités à 6 mois sont majoritairement des bébés de femmes qui travaillent. Alors bien sûr, ce serait plus facile pour tout le monde si le congé maternité était un peu plus long, mais les femmes qui reprennent le travail peuvent continuer à allaiter. Si elles reprennent juste à la fin du congé maternité à deux mois et demi, ce n’est pas toujours évident, mais si elles reprennent à 4 mois ou 5 mois, nombre de femme continuent l’allaitement soit en donnant simplement la tétée quand elles sont avec le bébé, soit éventuellement en tirant leur lait (mais même sans tirer leur lait, c’est tout à fait possible), et comme ça pendant très longtemps. Donc ça rejoint ce que je vous disais tout à l’heure sur l’idée qu’elle a de l’allaitement long, la femme coincée sur son canapé à ne rien faire d’autre. Ce n’est pas du tout comme ça que vivent la plupart des femmes qui allaitent chez nous.

Il y a pas mal d’études sur le baby blues et l’impact psychologique sur les mères, et il y en a quelques-unes qui montrent que le taux de dépression est plus important chez les femmes qui allaitent plus longtemps et qui essaient de mettre en pratique un maternage proximal, intensif.

Je ne sais pas, je peux vous montrer plein d’études qui montrent aussi l’inverse.

D’accord. D’ailleurs, en général, des études sur le maternage proximal, il y en a beaucoup ou c’est pas énorme ?

Il n’y en a pas tant que ça. Sur l’allaitement au-delà d’un an par exemple, il n’y a pas grand chose, que ce soit sur l’impact sur la santé de l’enfant ou de la mère, que ce soit sur la composition du lait à ce moment-là. Il y a quelques études, mais pas énormément. Il n’y a pas grand chose effectivement sur ces pratiques au-delà d’un an, que ce soit sur l’impact sur l’enfant ou l’impact sur la mère.

Et aussi sur le portage par exemple ?

Pareil, il y a des études, mais c’est plutôt sur des bébés. En règle générale, il n’y a pas grand chose au-delà des douze premiers mois.

Au niveau du portage, c’est une des pratiques du maternage qui est la moins controversée de ce qu’on peut voir, c’est assez ancré dans la société, le fait d’avoir un porte-bébé.

Oui, mais c’est assez rare de voir des bébés portés au delà des premiers mois. Souvent parce que le porte-bébé n’est pas vraiment physiologique. Porter un enfant de plus de 6 mois avec un porte-bébé pas vraiment adapté, ce n’est pas confortable pour le porteur. Ça finit par faire mal au dos.

Mais du coup, paradoxalement, parce que c’est mieux accepté, on trouve beaucoup moins de documents dessus, d’informations dessus.

D’informations pour ou contre ?

Pour, notamment sur ce qui est physiologique, sur ce qui est adapté, ce qui ne l’est pas.

Si vous allez sur internet, vous trouverez plein de choses, vous trouverez plein d’ateliers de portage.

On en parle beaucoup moins que de l’allaitement.

Il y a énormément d’ateliers, plus ou moins payants d’ailleurs, pour apprendre à porter avec tel ou tel porte-bébé. Il y a plein de tutos, de vidéos. Au niveau livres, il y en a aussi quand même. Mais c’est vrai que mon petit livre Jouvence sur le portage a été le premier qui est paru en français, et c’était en 2005. Depuis quand même, il y en a eu un certain nombre qui sont parus. Et vous avez plein d’associations locales de parents qui proposent des cours de portage ou des monitrices de portage qui proposent des ateliers. Mais disons qu’au niveau littérature, il y a moins de choses. C’est beaucoup plus des choses pratico-pratiques, oui. Et effectivement, il n’y a pas trop de controverse sur le sujet, à part de dire que ça va faire mal au dos à la mère.

Et sinon, il y a des gens défendant le maternage proximal qui disent que ça serait mieux de parler de parentalité proximale.

C’est vrai.

Par rapport justement à la place du père, parce que l’allaitement, ce n’est pas quelque chose qui peut concerner le père, et même le cododo, c’est vachement lié à l’allaitement. Il y a aussi des débats sur la charge mentale, quelle est la place du père, c’est peut-être plus dur pour lui de s’impliquer lorsque la mère prend en charge l’allaitement, ça impose forcément une charge mentale plus importante sur la mère.

C’est vrai, mais ça ne dure qu’un temps parce que l’allaitement exclusif, c’est juste les premiers mois.

Mais est-ce que vous ne pensez pas que cela peut avoir une influence sur l’après, étant donné que les pères n’ont pas une place équivalente ?

Je ne sais pas, j’ai beaucoup d’exemples où le père a vraiment une place importante, parce qu’il y a beaucoup d’autres choses à faire avec un bébé, même dans les premiers mois, que de le nourrir. Le portage par exemple, c’est clair que le père peut en prendre sa part, voire même plus que sa part. Ou le fait de bercer, d’endormir, de donner le bain… il y a plein de choses que le père peut prendre en charge. Et effectivement, même si on parle d’allaitement exclusif, ce n’est qu’un temps, et après le père peut donner les solides. Par contre, j’ai vu parfois des mères qui arrêtaient d’allaiter sous la pression du père parce qu’il voulait prendre sa part et qui se retrouvaient à donner tous les biberons… Le père ne prenait pas plus en charge après.

Et dans les familles monoparentales, comme il n’y a pas de personne tierce…

Qu’il existe des relations mère-enfant pathologiques, que ce soit en famille monoparentale ou pas d’ailleurs, je ne vais pas le nier. Il peut y avoir effectivement des cas où cette relation pathologique inclut un allaitement prolongé, un cododo, etc. Mais voilà, je pense que c’est le problème des psys : ils ne voient que ces cas-là. Quand tout se passe bien, que tout le monde est heureux, épanoui, on ne va pas voir le psy. Donc du coup, ils ont une vision biaisée. En plus, c’est ce qu’ils ont appris dans leurs études, mais surtout, quand ils ont effectivement des cas d’allaitement long et de cododo dans leur cabinet, c’est justement parce qu’il y a quelque chose qui cloche. Quand rien ne cloche, ils ne le voient pas. Et d’ailleurs, le peu de littérature psy qui existe sur ce sujet, à part l’article dont je vous ai parlé tout à l’heure, ce sont des études de cas. Ce ne sont pas des études comparatives entre cinquante enfants allaités longtemps et cinquante enfants pas allaités longtemps, pas cododotés, etc. Ça, à ma connaissance, ça n’existe pas. Pas dans la littérature psy en tout cas.

Pour revenir à La Leche League, vous avez été présidente…

Oui, dans les années 1990.

Qu’est-ce que vous faisiez en tant que présidente ?

Il y avait à la fois le fait d’être un peu une référente pour les animatrices. Ça, c’était le côté interne à l’association. Et puis, il y avait le côté externe, c’est-à-dire représentante de l’association à l’extérieur. Je pense que c’est ce que font tous les présidents d’associations, rien d’extraordinaire, rien de spécial (rires).

Et il y a des choses qui vous ont marquée pendant cette expérience ?

Pas plus pendant cette période-là. Du point de vue de l’allaitement en général, c’était une période très « plate », parce que, comme je le disais, ça a vraiment décollé vers la fin des années 1990.

Et quels sont les moyens dont dispose La Leche League pour faire passer ses idées, outre les réunions des animatrices ?

Donc les réunions, le téléphone, les mails. On a deux revues, Allaiter aujourd’hui qui est pour les parents, et les Dossiers de l’allaitement qui est pour les professionnels de santé. Et puis, on a un forum, un groupe Facebook, une page Facebook et un site. Le site est très très riche, il y a plusieurs milliers de pages. Il est très fréquenté, ça tourne autour de 10 000 visites par jour.

Vous ne faites pas de campagne de pub en dehors de ça ?

Non. La Leche League n’a jamais eu pour but de promouvoir l’allaitement. Je veux dire, on est là pour aider les femmes qui ont fait le choix d’allaiter. Des fois, il y a des accusations comme quoi – c’est ce que dit Badinter d’ailleurs et pas qu’elle – on voudrait forcer toutes les femmes à allaiter, qu’on voudrait les forcer à allaiter pendant deux ans ou plus, etc. Même si on voulait, on aurait du mal parce que les femmes qui s’adressent à nous, ce sont les femmes qui veulent allaiter. Les femmes qui ne veulent pas allaiter, on ne les voit pas, elles ne vont pas s’adresser à La Leche League. Le but de La Leche League, c’est vraiment ça, c’est ce qu’on appelle l’aide de mère à mère, c’est-à-dire d’une femme qui a allaité ou qui allaite à une femme qui veut allaiter ou qui allaite. Ça a toujours été ça depuis le début, et ça le reste. Donc non, on ne fait pas de campagne, ni publicitaire ni autre.

Tout à l’heure, vous disiez que c’était aussi pendant cette période, quand vous avez commencé à aller aux réunions de La Leche League, que vous avez commencé à entendre parler du cododo, de ces autres pratiques. Vous pensez que le fait d’allaiter incite beaucoup plus à pratiquer le cododo, le portage ?

C’est sûr. Ça va bien ensemble, tout ça. C’est aux réunions LLL que j’ai commencé à voir les premiers porte-bébés. Quand je vous parlais du premier salon Marjolaine en 1976 où j’avais trouvé un dépliant LLL sur un stand, c’était un stand qui vendait des porte-bébés Snuggly, des porte-bébés canadiens, qui étaient vraiment comme maintenant les Ergobaby, je sais pas si vous voyez ce que c’est. Ce ne sont pas des écharpes, il n’y a pas à faire des nœuds, mais ce sont des porte-bébés physiologiques, où le bébé, contrairement aux kangourous classiques, est assis dedans et a les jambes pliées, il n’a pas les jambes qui pendouillent, en équilibre sur ses organes génitaux, ce qui n’est quand même pas très physiologique. Donc voilà, j’ai connu le portage avec l’allaitement, en lien avec LLL en tout cas. Je peux vous envoyer des pages d’un des premiers livres de La Leche League datant des années 1960 où vous avez des dessins de portage (voir ICI). 

Est-ce que vous savez si, selon les cultures, il y a des différences par rapport à tout ce qui est allaitement, mais aussi traitement des bébés ?

C’est clair. Et d’ailleurs, très souvent, les quelques professionnels qui sont favorables à ce genre de pratiques, c’est souvent parce qu’ils ont été en contact avec ces autres cultures. Je pense par exemple à Edwige Antier.

Je crois qu’elle a vécu en Nouvelle-Calédonie.

Oui, et aussi au Vietnam. Et souvent effectivement, ce sont des gens qui ont vécu au moins leur enfance où ça se pratique de façon courante, où on ne se pose pas la question, c’est comme ça. On ne théorise pas non plus dessus d’ailleurs.

Il y a William Sears qui a écrit des livres dessus dans les années 1980, qui a commencé à introduire le sujet de l’attachment parenting. Est-ce que vous pensez que ça a changé un peu le regard des gens, étant donné que vous avez commencé à vous intéresser à la question avant ?

Je ne sais pas, parce que ça fait partie… je veux dire que les livres de Sears, ce sont les livres qu’on trouvait à La Leche League. Sa femme était animatrice de La Leche League. Il dit qu’il a appris tout ça par sa femme en fait. Donc pour moi, ça fait partie du tout, oui.

Parce qu’on en entend pas mal parler sur internet comme étant le « père », comme étant celui qui a théorisé tout ça. Ses livres ont vraiment fait un boom sur les pratiques.

Oui, c’est vrai, ses livres ont permis de populariser, mais ce n’est pas lui qui a inventé ça. Comme il dit, il a trouvé ça par l’intermédiaire de sa femme à La Leche League, parce que tout ça, c’était dans le premier livre de La Leche League qui date du début des années soixante. Dans L’Art de l’allaitement maternel, le livre de La Leche League, on trouve dès la première édition des choses sur le portage, sur le cododo, sur l’allaitement long bien sûr aussi. Et ce n’est pas La Leche League qui a inventé tout ça non plus !

A propos de l'auteur

Claude Didierjean-Jouveau

Animatrice de La Leche League France, rédactrice en chef de la revue "Allaiter aujourd'hui !" Auteur de plusieurs ouvrages sur l'allaitement, la naissance et le maternage.

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