LLL et la mauvaise réputation
L’autre jour, sur un stand LLL, une femme est venue raconter qu’elle n’avait allaité son bébé que trois mois à cause de problèmes divers et qu’elle n’avait pas contacté LLL parce que « La Leche League, vous savez… » « Sa réputation ? » « Oui… »
Eh oui, encore aujourd’hui, traîne l’idée (et certain·e·s ont bien intérêt à la faire traîner) que La Leche League veut forcer toutes les femmes à allaiter, à continuer à allaiter quoi qu’il en coûte, à allaiter des années…
Peu importe d’où vient cette réputation (mon hypothèse personnelle, c’est qu’elle vient des débuts de LLL, dans les années 1960, quand les « concepts » LLL était tellement en contradiction avec les idées mainstream [1] qu’ils en apparaissaient comme « extrémistes »), toujours est-il qu’elle empêche certainement beaucoup de femmes de contacter LLL et donc de trouver le soutien et l’information dont elles auraient besoin.
Et pourtant… les femmes qui contactent LLL sont par définition celles qui souhaitent allaiter et celles qui allaitent et veulent continuer. Celles qui ne veulent pas allaiter ne la contactent pas, n’est-ce pas ? Et elle ne les contacte pas. Comment alors pourrait-elle faire pression sur elles pour les forcer à allaiter ?!
Et pourtant… les animatrices LLL sont aussi là pour accompagner les sevrages quand c’est le souhait de la mère, ou quand les circonstances font que l’allaitement n’est pas/plus possible, comme le montre ce numéro d’Allaiter aujourd’hui.
Éditorial du n° 144 d’Allaiter aujourd’hui, juillet 2025.
[1] Voir « Nos valeurs ». Qu’on pense par exemple au concept « La participation consciente et active de la mère pendant l’enfantement favorise un bon démarrage de l’allaitement » à une époque où toutes les Américaines accouchaient « dans les vapes » ; ou à « La mère et son bébé ont besoin d’être ensemble tôt et souvent afin d’établir une relation d’allaitement satisfaisante et une production fiable de lait » à une époque où l’on mettait les nouveau-nés en nurserie et on les apportait à la mère toutes les trois ou quatre heures pour la tétée.
Illustration : dessin de Suzanne Valadon, Maternité, vers 1883